Celui qui gagnera à coup sûr la guerre en Ukraine…

par Daniel Kersffeld, Argentine

Alors que le conflit avec la Russie commence à se refroidir grâce à l’intervention directe de Washington, les banques, et notamment les «fonds vautours», y jouent un rôle clé. Ils attendent impatiemment d’encaisser (et surtout de tirer leurs profits) pour les services fournis en Ukraine, tout en commençant à planifier l’avenir économique de ce pays en garantissant leur propre avantage. BlackRock, le plus grand groupe de fonds d’investissement au monde, avec un actif d’environ 12billions de dollars, PIMCO (Pacific Investment Management Company), la sixième plus grande société d’investissement internationale au monde, et JP Morgan Chase, la plus grande banque du monde, forment un puissant conglomérat financier basé aux Etats-Unis. Il est resté fidèle à l’Ukraine ces dernières années, ce en échange de contrats lucratifs.
    Les relations entre Kiev et BlackRock remontent à 2014, lorsque le fonds d’investissement est devenu l’un des principaux créanciers de la dette publique ukrainienne après le coup d’Etat pro-occidental contre le Président d’alors, Viktor Ianoukovitch.
    Ce lien devait toutefois s’approfondir sous le gouvernement actuel de Volodimir Zelensky et surtout depuis le début de la guerre contre la Russie, en février 2022, lorsque d’autres entreprises spécialisées dans la maximalisation des profits et la spéculation financière s’y sont associées, avec des pratiques d’extorsion sans cesse renouvelées. Et ce, après avoir repris une partie de la gigantesque dette extérieure de près de 170 milliards de dollars convenue avec le FMI et la Banque mondiale.
    Alors que la guerre était déjà en cours, BlackRock et PIMCO se sont mis d’accord à suspendre la charge d’intérêts pour deux ans. Début 2024, l’accord a été prolongé d’une année supplémentaire, à condition que Zelensky charge ces entreprises de trouver des investissements privés pour la reconstruction de l’après-guerre. Ces «fonds vautours» ont joué un rôle de premier plan dans ce nouveau développement économique, en leurrant de diverses entreprises intéressées par des gains rapides en Ukraine dans ce domaine ainsi qu’en leur facturant convenablement cette activité.
    En plein Forum de Davos en janvier dernier, Zelensky a tenu des réunions secrètes avec les principaux PDG et CEO de multinationales pour conclure, pratiquement à l’abri des regards, des transactions risquées de l’ordre des dizaines de millions. Toujours coordonné par les organisations alliées, le Président ukrainien a rencontré les dirigeants d’entreprises du monde de la finance internationale comme Bridgewater Associates et Carlyle Group, des entreprises axées sur les investissements immobiliers comme Blackstone, des centres informatiques comme Dell et des conglomérats sidérurgiques comme ArcelorMittal.
    L’influence des entreprises financières occidentales dans les négociations de paix est incontestablement grande, à tel point qu’elles ont déjà fixé leur propre plan pour l’Ukraine d’après-guerre, qui va bien au-delà des privatisations rapides et de l’annullation de contrats gênants dans le secteur public.
    Avec le soutien de l’administration de Donald Trump, le principal intérêt des fonds d’investissement est la création prochaine d’une «banque de reconstruction», inspirée de leur propre expérience en tant que société de capital-risque et gérée à l’échelle internationale. Ce projet est très éloigné du «plan Marshall 2.0» proposé par les principales capitales européennes pour favoriser certaines entreprises dans les domaines de la défense, des transports ou de l’industrie en Ukraine. Tout porte à croire que c’est face à ce genre de plans que l’Europe se trouve à l’écart de cette première phase du «dialogue».
     Les créanciers des emprunts ukrainiens, en dépit de prendre Zelensky pour leur allié le plus important et ne craignant pas de barrières politiques pouvant bloquer la récupération des paiements échéants, ont déjà obligé le cabinet d’avocats Weil Gotschal et l’entreprise de conseil PJT Parkers de préparer, face au conflits imminents, une dispute juridique.
    Enfin, la fin de la guerre ne correspond en rien à celle tant attendue aux Etats-Unis, et encore moins en Europe où l’OTAN est à genoux face à une Russie victorieuse. En outre, dans les mois à venir des changements imprévisibles mais importants pourraient se produire en Ukraine, notamment si des remaniements majeurs interviennent sur la scène politique et militaire. Mais le plus important est qu’un grand groupe d’obligataires, représenté par des «fonds vautours», espère obtenir 23 milliards de dollars du fond destinée à la restructuration de la dette ukrainienne, qui sera immédiatement lancée dès le début de l’après-guerre.
    Pendant ce temps, BlackRock, PIMCO, d’autres fonds d’investissement et un nombre croissant d’entreprises, de banques et de multinationales espèrent réaliser déjà de grands bénéfices économiques avec une Ukraine extrêmement affaiblie et lasse de guerre. A condition, bien sûr, que leur partenaire privilégié, Volodimir Zelensky, reste à la tête de l’Etat acceptant de rembourser intégralement toutes les dettes, notamment en cédant des ressources minières et des terres à diverses entreprises économiques, et ce de manière probablement largement incontrôlée.

Source: https://www.pagina12.com.ar/804688-ucrania-una-paz-mediada-por-los-fondos-buitre 
du 18 février 2025

(Traduction Horizons et débats)

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