Nous, les participants à la conférence qui s’est tenue, le 21 mars 2025, au Club militaire serbe sous le titre «Quand la guerre a été réintroduite en Europe», pour commémorer le 26e anniversaire du début de l’agression de l’OTAN contre la Serbie (République fédérale de Yougoslavie), avons souscrits à la déclaration qui suit:
Déclaration
Nous nous engageons pour
- La dissolution de l’OTAN qui, par son agression contre notre pays, s’est formellement transformée d’une alliance défensive en une alliance agressive basée sur l’ordre mondial unipolaire et le système néolibéral d’entreprises. En 1999, la politique d’élargissement de l’OTAN vers l’Est s’est intensifiée et a amené le monde au bord de l’abîme nucléaire. Aujourd’hui, de plus en plus de gouvernements des pays membres se rendent compte du fait que l’OTAN n’est plus qu’une relique de la guerre froide n’ayant plus sa place dans l’ordre mondial multipolaire;
- la fermeture de la base militaire américaine de Camp Bondsteel et de toutes les bases militaires étrangères dans les Balkans, en Europe et dans le monde entier. Avec le Camp Bondsteel, le monde a affaire à une base militaire illégale – tout aussi illégale que l’agression de l’OTAN, la sécession unilatérale qui en est issue et sa reconnaissance sous la pression des Etats-Unis et de l’UE. Cette base a été construite sur une partie du territoire serbe temporairement placée sous le mandat de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, et ce en défaillance du consentement de la Serbie ainsi que de celui des Nations unies;
- le dépôt d’une demande d’indemnisation pour les dommages de guerre. L’OTAN a gravement violé les principes fondamentaux du droit international, la Charte des Nations unies, l’autorité suprême du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Acte final de la CSCE à Helsinki (1975) et la Charte de Paris, se trouvant donc dans l’obligation de dédommagement des destructions causées. Solliciter cette réparation est à la fois droit et devoir moral de la Serbie envers les victimes de l’agression;
- la promotion d’activités visant à enquêter sur les conséquences de l’emploi d’armes à l’uranium appauvri et d’autres moyens à destruction massive. Les décisions pertinentes en matière prises par notre Parlement et le gouvernement de Serbie doivent être mises en œuvre, tout comme les promesses faites en public doivent être tenues;
- la création du Centre de documentation et de recherche sur l’agression de l’OTAN marquant un tournant en politique mondiale. En tant que victime de l’agression qui constitue, après la Seconde Guerre mondiale, la première guerre menée sur le sol européen la Serbie le mérite. Les organisateurs de cette conférence disposent d’un concept en ce sens;
- l’établissement d’une liste des victimes civiles de l’agression de l’OTAN. Il faut éviter que les générations futures ne nous critiquent pour une défaillance encore corrigible. Un tel pas fait inévitablement partie de la culture de la mémoire;
- l’adaptation de nos politiques intérieure et extérieure aux nouvelles réalités en Europe et dans le monde. Les changements tectoniques, tout aussi perceptibles dans l’environnement européen que mondial, exigent des adaptations en profondeur. Tout comme ils nécessitent une vision perspicace d’une protection plus approfondie des intérêts nationaux et étatiques ainsi que de la planification à long terme dans ces buts;
- la condamnation la plus ferme de toute ingérence dans les affaires intérieures et la politique étrangère de la Serbie;
- la préservation des ressources naturelles, minérales et autres de la Serbie, y compris les minéraux stratégiques, les métaux précieux, les terres agricoles, les eaux et les forêts. La stagnation et la crise économique persistantes dans toute l’Europe ne sont pas le moment de brader nos richesses naturelles ou de faire des concessions, mais plutôt d’insister sur davantage de soin et de confiance dans nos propres ressources. Tout cela sera lié à la diversification plus audacieuse concernant nos facultés de coopération dans les domaines économique, technologique et d’investissements;
- la révision des règles et pratiques existantes concernant les soi-disant ONG() (organisations non-gouvernementaux) financées depuis l’étranger, organismes poursuivant souvent les intérêts de parties étrangères, encourageant ainsi leurs ingérences dans les affaires intérieures et dans la politique étrangère de notre pays. Il doit être établi si de telles ONG ont disposé aussi de fonds provenant du budget de l’état serbe, c’est-à-dire des fonds appartenant aux citoyens serbes;
- la révision du cadre actuel de l’UE pour le dialogue sur le Kosovo et la Métochie. Ce pour raison qu’ il s’est avéré n’être qu’un mécanisme politique permettant d’extorquer à la Serbie des concessions inacceptables favorisant le séparatisme et portant ainsi atteinte à la souveraineté de l’Etat et à l’intégrité territoriale du pays. Au cours des quinze dernières années, ce cadre n’a fait qu’ empêcher la Serbie d’appliquer la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, résolution qui constitue la principale base juridique pour la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Serbie. Somme toute, ce cadre n’ayant pas produit les résultats escomptés n’est donc pas susceptible d’offrir une solution juste, équilibrée et durable;
- la reprise du processus de résolution de la question du Kosovo et de la Métochie sous l’autorité et dans le cadre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin de remplir toutes les obligations non remplies à ce jour en vertu de cet acte juridiquement contraignant, y compris la garantie du droit au retour libre et en toute sécurité de 250000 Serbes et autres non-Albanais déplacés; la fin de la violence systématique à l’encontre des Serbes et des autres non-Albanais et de leur épuration ethnique; le retour et le rétablissement des contingents fixés de l’armée et de la police serbes (jusqu’en 1999); la démilitarisation de la Province; la sécurité, la liberté de circulation, de l’éducation et de religion pour les Serbes et les autres non-Albanais; la restitution des biens privés, sociaux et publics expropriés par la force; le respect de tous les autres droits humains fondamentaux des Serbes habitant actuellement la Province;
- l’annulation de tous les actes, documents, modifications et mesures se révélant être en contradiction avec le statut de la Province en tant que partie du territoire serbe, actuellement placée sous le mandat du Conseil de sécurité des Nations unies par intérim, c’est-à-dire qui se trouvent être en contradiction avec la Constitution serbe et la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies;
- le rôle proactif de la Serbie dans la construction d’une nouvelle architecture de sécurité européenne; ce rôle lui revient en raison de sa contribution extraordinaire à la paix, à la sécurité et au développement de la civilisation européenne. Ce rôle hors du commun lui appartient notamment pour respect de la part prise par la Serbie dans la défaite du nazisme, il y a 80 ans, et en se rendant compte surtout de ce que la Serbie (la République fédérale de Yougoslavie) a été le premier pays à s’opposer fermement à l’hégémonisme et à l’élargissement de l’OTAN vers l’Est. Dans le même esprit, elle a également défendu décidément les principes fondamentaux du droit international, tels qu’ils ont été établis à l’issue de la Seconde Guerre mondiale;
- le renforcement de la politique de neutralité active dans le but de la relever au rang de principe constitutionnel, ainsi que le développement de relations et de coopération équitables avec tous les acteurs clés des affaires mondiales, sur la base du respect et de la poursuite réciproque et de leurs intérêts mutuels.
Nous saluons le dialogue au plus haut niveau et le début de normalisation des relations entre la Russie et les Etats-Unis, en ce qu’elles constituent une importante évolution stratégiquement positive, ainsi que les efforts déployés par les Présidents Poutine et Trump dans le but de renforcer la sécurité mondiale et parvenir à la paix en Ukraine, tout en éliminant les causes qui ont déclenché la crise dans ce pays.
En plus, nous nous engagerons avec le même dévouement pour
- le rétablissement et le respect du cessez-le-feu dans la bande de Gaza et l’approvisionnement gratuit en aide humanitaire à la population palestinienne dans le besoin;
- l’arrêt de la course aux armements. Si certains pays européens devaient poursuivre cette course aux armements, ils risquent de devenir les otages de stocks d’armes et les sources de nouvelles menaces pour la paix et la sécurité, avec des conséquences imprévisibles. Les préparatifs de guerre – à l’heure où les dirigeants des pays les plus puissants cherchent des voies vers la paix, la sécurité mondiale et le partenariat, à l’heure où la majorité mondiale aspire à un ordre mondial et au développement – sont un signe d’irresponsabilité et d’aveuglement politique. L’allocation de nouveaux billions d’euros à l’armement ne peut que conduire à un approfondissement de la crise économique en Europe, à une sortie plus rapide des capitaux, à une baisse du niveau de vie et à une augmentation de l’instabilité. La solution ne réside pas dans la militarisation et la russophobie, mais dans la normalisation et les bonnes relations de voisinage;
- une Bosnie-Herzégovine conforme aux Accords de Dayton, établie sur la base de l’égalité des trois peuples constitutifs et de deux entités autonomes dotées de pouvoirs inviolables. Nous nous opposons aux tentatives de rétablir une Bosnie-Herzégovine où l’élite d’un peuple domine les autres peuples. Nous plaidons pour la fin de la persécution politique de Milorad Dodik, Président de la Republika Srpska, et de ses autres dirigeants;
- l’abolition de l’institution de Haut Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, dans sa qualité de vestige des temps passés, du néocolonialisme et de l’expansionnisme, fonction constituant actuellement le plus grand obstacle au fonctionnement du système constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine et de ses entités;
- la condamnation la plus ferme de toutes les formes de répression, de harcèlement et de terrorisme actuellement utilisées contre les Serbes dans la province du Kosovo et de Métochie, dans le but d’arrêter enfin l’épuration ethnique du peuple serbe en cours.
Adopté par:
Forum de Belgrade pour un monde plus équitable, Club des généraux et amiraux serbes, Fonds de la diaspora pour la mère patrie, SUBNOR Serbie, Association des anciens combattants des services de renseignements militaires serbes, Association des anciens combattants des unités spéciales de la police.
(Traduction de l’anglais Horizons et débats)