L’esprit suisse – dissipé à jamais? Reflexions sur quelques repères de l’histoire suisse à la lumière de l’actualité (2)

Le général suisse Guillaume Henri Dufour

par Peter Küpfer*

Dans la première partie de cet essai sur l’essence de l’esprit suisse*, l’attention a été portée sur l’un des premiers déchirements internes qui ont mené la Suisse au bord de la scission imminente. Il s’agissait de l’une des premières disputes décisives au sein de la Confédération suisse naissante, attisées par des facteurs bien réels et ayant menacé la Confédération depuis sa fondation (en 1291). Ces disputes creusaient des fossés, se basant sur des tensions à dimension d’une constante historique, opposant les populations rurales à celles des villes. Sa force destructrice repose sur les mêmes facteurs qui, aujourd’hui encore, menacent l’unité de la Suisse dans d’autres circonstances: la méfiance mutuelle qui engendre, à son tour, la haine et le rejet, préalables à toute guerre.

A l’instar du premier article, celui-ci met aussi l’accent sur les forces positives qui agissent en dépit de celles provoquant la scission, celles susceptibles au contraire d’atténuer et d’éliminer cette méfiance qui a été décisive à chaque crise tendant vers la scission. Somme toute, elle a débouché sur le visage moderne de la Suisse, une histoire que l’on peut à juste titre qualifier d’histoire à succès. La manière dont la Suisse a surmonté ses profondes crises montre qu’elle a trouvé moyen d’y remédier et que ces forces propices ont même donné vie à des impulsions vivifiantes à la démocratie qui se trouve en évolution permanente. Cette nouvelle qualité s’est fondée essentiellement sur le respect de l’opinion divergente, respect qui repose sur des couches plus profondes que les sentiments attisés qui envahissent actuellement notre vie politique quotidienne. Il en était pareil autrefois. L’exemple présenté ci-dessous, dédié au général suisse Guillaume Henri Dufour, le montre en toute évidence.
    Ce n’est pas par hasard que le sommet de la plus haute montagne de Suisse, la crête du Mont Rose, située à 4 634 mètres d’altitude sur la zone frontalière avec l’Italie, porte le nom de Pointe Dufour. Pour de nombreux Suisses d’aujourd’hui, l’acte et l’exemple qui ont conduit à cet hommage est toutefois tombé dans l’oubli. Ce n’est pas étonnant, sachant que l’on enseigne dans nos écoles (là ou notre histoire est encore enseignée) qu’il faut avoir honte de notre passé. Je ne pourrais indiquer aucun autre pays européen où sa propre histoire est aujourd’hui traitée d’une façon autant négligée et méprisée que chez nous. Alors que la Suisse fut un pays jadis respecté du monde entier. Car avant que ce mépris de l’histoire suisse ait pris le haut du pavé, attisé par certains cercles, quantité de non-Suisses étaient convaincus que la Suisse portait à juste titre l’épithète honorifique de «berceau de la démocratie». Le fait que l’on rejette aujourd’hui l’historiographie traditionnelle la qualifiant de «mythe national» ou, en se servant du terme à la mode, de pur «narratif», a manifestement davantage de raisons politiques que celles qui découlent d’analyses historiques sérieuses.
    Il est d’autant plus indiqué de s’assurer des qualités du devenir de notre pays. Comme partout dans le monde où une chose solide peut naître et se maintenir, elle est liée à l’action d’hommes et de femmes remarquables qui avaient à cœur le bien de l’ensemble, le «bien commun», et non pas leurs optiques personnelles ou partisanes seules. Au début du XIXe siècle, période fatidique pour la Suisse, on retrouve à nouveau cette constante de l’histoire suisse mentionnée ci-dessus. Il est donc tout à fait remarquable que la Constitution de la Suisse moderne de 1848 ait vu le jour un an seulement après l’une des plus dangereuses épreuves intérieures de la Suisse moderne naissante, la «guerre du Sonderbund» au sein de la Confédération. Il s’agissait d’une véritable guerre civile, opposant des Suisses à d’autres Suisses, même si elle est heureusement restée limitée en termes de victimes humaines et de destructions. La Suisse doit cet acquis historique en premier lieu au courage civil et à la clairvoyance du chef militaire des troupes fédérales de l’époque, au général Guillaume Henri Dufour (1787–1875).

Prémices s’annonçant menaçants

Tout d’abord il s’agit de brièvement rappeler le point de départ et le déroulement de la guerre du Sonderbund de 1847. Dans les années quarante du XIXe siècle, les tensions sociales et confessionnelles s’aggravèrent une fois de plus dans notre pays, et se radicalisèrent même sur différents sujets. Le politique et le religieux se sont alors mêlés. Les libéraux (radicaux) ont œuvré pour la transformation de l’ancienne Confédération suisse (l’alliance des cantons en confédérés restants souverains) en un Etat fédéré moderne, sur le modèle américain. Ce concept libéral prévoyait non seulement le fédéralisme et la démocratie parlementaire, mais aussi la stricte séparation de l’Eglise et de l’Etat ainsi que la scolarité publique obligatoire et laïque. En outre, les promoteurs de la mouvance libérale-radicale réclamaient, certains de manière de plus en plus provocatrice, la fermeture des couvents et l’interdiction des jésuites. Tandis que le Zurich protestant (et majoritairement libéral) nommait, comme professeur ordinaire à la Faculté théologique, David Friedrich Strauss qui avait présenté dans son ouvrage intitulé «Das Leben Jesu» (La Vie de Jésus) «une conception radicalement terrestre du Fils de Dieu» (Stadler, p. 223), le Grand Conseil de Lucerne (fief du Sonderbund) nommait en contrepartie, le 24 octobre 1844, sept jésuites comme enseignants à la Faculté de théologie et au Séminaire. Cela provoqua la jeunesse libérale et majoritairement protestante, dont le jeune Gottfried Keller. Comme beaucoup d’autres jeunes radicaux de Zurich, le futur écrivain réaliste et chancelier d’Etat du canton de Zurich décida de participer à une expédition armée de francs-tireurs contre les «réactionnaires lucernois», de fin mars au début avril 1845, émeute armée qui se solda pour eux par un cuisant échec militaire, avant même toute action de combat.
    Parmi les laïcs et les libéraux, c’étaient surtout les milieux économiques aussi qui attendaient un véritable renouveau, notamment grâce à la levée, par une Suisse «rajeunie» corps et âme, des barrières commerciales en vigueur. A l’époque, traverser la Suisse impliquait le passage de nombreuses douanes avec de diverses mesures de poids, monnaies et taxes locales; le tracé d’une nouvelle ligne de chemin de fer devait éviter les zones cantonales limitrophes; l’envoi d’une lettre de Romanshorn à Genève passait «de préférence par l’Allemagne et la France» pour contourner la multitude de règles et de taxes propres à chaque territoire cantonal (Wartenweiler, p. 57).
    Une fois de plus, la Suisse rurale et conservatrice et la société urbaine et novatrice, opposées et soumises, des deux camps, à des provocations en série, faillirent en venir aux mains. Tout-à-coup, le blocage de la Diète qui durait depuis des années évolua vers une situation où les «libéraux-radicaux» prirent soudain et fortuitement le dessus, tirant aussitôt avantage de la situation. Les ineptes accords militaires internationaux et autres sondages initiés par le Sonderbund avec les Etats voisins – des monarchies qui se défiaient de la Suisse d’attitude de plus en plus républicaine et, en ces temps de révolution, étaient elles-mêmes en butte aux troubles et aux soulèvements démocratiques radicaux – mettait du feu additionnel aux tensions. Lorsqu’à l’été 1847, la Diète fédérale, désormais à majorité libérale (d’une voix!), imposa l’expulsion des jésuites lucernois et la révision de la Constitution suisse en faveur d’un Etat fédéral, les représentants de la «Schutzvereinigung» (L’Alliance protectrice, comme se désignaient les membres du Sonderbund, composée de cantons majoritairement catholiques de Suisse centrale : Uri, Schwyz, Obwald/Nidwald, Zoug et Lucerne, alliés à Fribourg et au Valais), quittèrent abruptement les localités à Berne en exclamant de graves menaces, la rupture sembla inévitable. Les deux parties fourbirent leurs armes.

Pour Dufour, il s’agissait de beaucoup plus qu’une simple victoire

Le 21 octobre 1847, le citoyen et officier genevois Guillaume Henri Dufour (1787–1875) fut élu général des troupes fédérales suisses par la Diète majoritaire. Homme de son temps, humaniste et cultivé qui avait tendu initialement vers la médecine, il était alors déjà reconnu pour ses mérites. Spécialiste en logistique et officier d’état-major général sous Napoléon, puis architecte cantonal à Genève, il dressa et édita, en tant que pionnier de la cartographie, la première carte suisse fiable (qui porta son nom) avant de devenir chargé de cours puis directeur à Thoune de la première Ecole centrale fédérale (lieu de formation théorique des officiers suisses qui existe encore aujourd’hui), et enfin Intendant général de l’armée suisse. Le recours à cet officier modeste, de tendance politique plutôt conservatrice, déplut à certaines têtes brûlées libérales. Mais derrière ce choix se cachait un concept fédéral visionnaire qui s’adaptait parfaitement au caractère de ce remarquable officier supérieur (voir l’encadré sur le parcours professionnel de Dufour).
    Il mena une campagne brève, décisive et efficace. Même la stratégie répondait à la volonté du général, qui fit tout pour que cette inévitable offensive soit rapide et épargne le plus possible l’adversaire. «Les opérations militaires débutèrent le 4 novembre. [...] Dufour [...] engagea d’abord ses troupes contre Fribourg qui étant isolé, capitula dès le 14 novembre. Il tourna ensuite le gros de l’armée contre le cœur du Sonderbund, la Suisse centrale. La progression vers Lucerne partit du Freiamt argovien. Après de violents combats près de Gisikon [le 23 novembre 1847], la défense du Sonderbund céda. Lucerne fut occupée par les troupes fédérales. Les autres cantons de la Suisse primitive abandonnèrent alors la lutte, le Valais en dernier, le 29 novembre. La guerre avait duré vingt-cinq jours; elle avait fait très peu de morts.» (Cattani, p. 284)

La défaite qui ne fut pas synonyme
d’humiliation – tout au contraire

La campagne de Dufour contre le Sonderbund n’a donc même pas duré un mois. Conformément à son mot d’ordre, les objectifs militaires ont été entièrement atteints avec la capitulation inconditionnelle du Sonderbund et sa dissolution, et ceci avec un nombre réduit de victimes humaines et de destructions. Tout comme le but qui lui importait le plus: le plus grand ménagement possible non seulement de la population civile, mais aussi des troupes des deux camps. Il ne traitait pas les troupes du Sonderbund en tant qu’ennemis mais comme adversaires ne méritant ni haine avant le combat ni vengeance ou humiliation après la victoire. Dufour avait commencé sa campagne dans la conviction qu’après la victoire de la campagne sur le champmilitaire, il s’agissait de gagner celle politique. Pour lui et les esprits les plus ouverts de la Diète, il s’agissait de reconduire les dissidents au bateau de la nouvelle Confédération helvétique et de les convaincre de participer à la construction de la Suisse renouvelée, certes en tant que vaincus sur le plan des armes, mais en respectant leurs convictions en tant que citoyens. Aujourd’hui, alors qu’on assiste pratiquement quotidiennement au triste spectacle des représentants de pays qui prétendent défendre la liberté dans le monde mais qui font campagne «pour détruire» un pays et ses populations, on ne peut s’empêcher de souligner l’écart qui les sépare de l’exemple que constitue l’œuvre de Dufour et les cercles qui lui ont confié sa lourde charge. Pour Dufour, la manière dont ses troupes s’y prenaient devait déjà être la preuve dans les faits que la Suisse des temps modernes naissants prenait au sérieux les vues du vaincu militaire. Dans ces circonstances, l’action de Dufour prend des dimensions exemplaires: «Son objectif était de réunifier la patrie divisée dans une campagne rapide et sans grande effusion de sang et de réconcilier les parties en conflit. L’organisation et le déroulement des opérations militaires étaient déterminés par des considérations politiques. En menant le combat en ménageant au maximum l’adversaire, la préparation de l’entente à venir commençait déjà pendant la guerre.» (Cattani, p. 284, souligné par P.K.)

Une performance qui fait époque

C’est là l’exploit unique, l’exploit qui faisait époque de ce commandant en chef. Dans l’ouvrage déjà cité sur les Suisses éminents, le formateur infatigable de l’éducation civique populaire et des jeunes des années trente du dernier siècle, Fritz Wartenweiler, présente le général suisse en des termes inhabituellement vivants. Quiconque souhaitant baser son jugement sur les faits historiques et non sur de la pure propagande se ralliera à son appréciation de Dufour et de son action:
    «Cette guerre aurait pu se transformer en une catastrophe imprévisible. L’effondrement aurait eu lieu si le Sonderbund avait remporté la victoire, mais également si un autre homme avait pris la tête des troupes fédérales et n’avait pas dirigé les bataillons des cantons majoritaires avec la supériorité sûre que Dufour avait réussi à obtenir. Ce danger était grand.»(Wartenweiler, p. 59)
    Les extraits suivants, tirés des Ordres du jour de Dufour à ses officiers et soldats (cités en détail par Wartenweiler), mettent ses mérites particulièrement en évidence. La clairvoyance qu’ils contiennent ne conviendrait-elle pas à certains commandants en chef actuels, en Suisse et ailleurs?
    Le 4 novembre 1847, au début de la campagne, Dufour a donné les instructions suivantes à ses officiers:
    «Il faut tout faire pour éviter les conflits inutiles. Les troupes fédérales doivent être sommés de se comporter avec modération et de ne pas se laisser entraîner à de mauvais traitements avec la plus grande fermeté [...] Il faut éviter à tout prix de porter atteinte à l’Eglise catholique et aux institutions religieuses. […]
    Si une troupe ennemie est repoussée, ses blessés doivent être soignés comme les nôtres et traités avec tous les égards dus au malheur. [...] Les prisonniers doivent être désarmés. Il ne faut cependant pas leur faire de mal ni les insulter de quelque manière que ce soit. [...] Après le combat, l’excitation des soldats doit être contenue, les vaincus doivent être ménagés.» (Wartenweiler, p. 62)
    Le même 4 novembre 1847, le général s’adresse à sa troupe avec le premier ordre du jour du début de l’opération, ses mots, véritablement porteurs d’avenir, sont les suivants:
    «Soldats! Vous devez sortir de ce combat non seulement victorieux, mais aussi sans reproche; on doit pouvoir dire de vous: ‘ils ont combattu courageusement là où il le fallait, mais ils ont fait preuve d’humanité et de générosité’. Je place donc sous votre protection les enfants, les femmes, les vieillards et les ministres de la religion. Celui qui porte la main sur une personne sans défense se déshonore et déshonore son drapeau...» (Wartenweiler, p. 63)
    Le général Dufour n’a certes pas pu éliminer les oppositions et les tensions encore vives entre conservateurs et radicaux, même après la victoire des troupes fédérales sur les dissidents. Ces tensions étaient profondes et ont perduré pendant des décennies. Mais il les a atténuées et son comportement a été un exemple pour tous ceux qui souhaitaient le système proportionnel pour l’élection au Conseil national. Cette procédure n’a été inscrite dans la Constitution qu’en 1919, après la crise de la Grève nationale de 1918 (voir la troisième partie de cet article), et a contribué à créer les conditions institutionnelles pour que les vagues s’apaisent, notamment au sujet des vives oppositions sur la question sociale au début du XXe siècle.
    Il n’est pas étonnant que le général Dufour se soit également engagé pour la fondation des Comités suisse et international de la Croix-Rouge, près de vingt-cinq ans plus tard. Lorsqu’Henry Dunant, un autre Genevois, ébranlé et bouleversé par les horreurs de la guerre d’Italie qu’il avait lui-même vécues, a fondé et mis en place les Comités international et suisse de la Croix-Rouge à Genève, l’ancien général suisse, à l’âgé avancé, a soutenu cette œuvre, la présidant au début et en y participant de manière active jusqu’à sa mort. 


Littérature

Cattani, Alfred. «Guillaume Henri Dufour». In: Jaeckle, Erwin und Stäuble, Eduard (Hrsg.). Grosse Schweizer und Schweizerinnen. Erbe als Auftrag. Ein Beitrag zur 700 Jahr-Feier der Schweizerischen Eidgenossenschaft 1291–1991. Stäfa, Th. Gut & Co. Verlag 1990

Roca, René. Die Bedeutung des Katholizismus und der Katholisch-Konservativen für die Entwicklung einer demokratischen Kultur in der Schweiz. Ds.: id. Katholizismus und moderne Schweiz. Basel 2016. [Texte très édifiant en tant que «correctif» face à l’historiographie récente sur la guerre du Sonderbund préfèrant l’optique souvent partiale de la perspective libérale-radicale, pk.]

Stadler, Peter. Epochen der Schweizer Geschichte. Zürich 2003

Wartenweiler, Fritz. Führende Schweizer in schweren Krisenzeiten. Bruder Klaus, Escher von der Linth, General Dufour. Erlenbach b. Zürich (Rotapfel Verlag, sans année)


Peter Küpfer. L’esprit suisse – dissipé à jamais? Reflexions sur quelques repères de l’histoire suisse à la lumière de l’actualité, 1e partie: Saint Nicolas de Flue évite le danger imminent de la guerre civile au sein de la jeune Confédération suisse, Horizons et débats, n° 26, du 6 déc. 2022, p. 8.

 

 

 

 

 

 

Biographie de Guillaume Henri Dufour

Un homme de culture scientifique et humaniste

  • Né le 15 septembre 1787 à Constance, fils de l’horloger genevois Bénédicte Dufour.
  • Passe son enfance dès l’âge de deux ans à Genève, où la famille s’installe à nouveau après un exil motivé par des raisons politiques. Collège, puis études de lettres et de physique à l’Académie de Genève.
  • 1807–1809: poursuite des études à l’École polytechnique de Paris.
  • 1809–1810 Etudes de sciences militaires avec spécialisation dans le génie à Metz.
  • De 1811 à 1817, service comme officier à l’état-major général de l’armée française, jusqu’en 1815 sous Napoléon Bonaparte.
  • 1817–1850 Ingénieur cantonal à Genève. S’oppose au démantèlement des fortifications de la ville de Genève, car il souhaite conserver la forteresse de Genève comme protection de la frontière sud-ouest de la Suisse. Outre la construction de ponts, il a conçu la promenade sur les quais.
  • Parallèlement, Dufour enseigna les mathématiques, la géométrie, la topographie et l’hydraulique à l’Académie.
  • Dès 1817, intégration en tant que capitaine dans la nouvelle armée fédérale suisse.
  • En 1819, cofondateur de l’école militaire de Thoune qui existe encore aujourd’hui, il y a enseigné la section génie et est devenu directeur de l’école. Louis Bonaparte, le futur empereur Napoléon III, faisait partie de ses élèves et une amitié de toute une vie les liait. Il est l’auteur d’ouvrages de sciences militaires, notamment sur la construction de fortifications et la tactique militaire.
  • Promu colonel suisse en 1827, il entre ensuite à l’état-major général suisse. Il y avait pour mission d’organiser la défense de la Suisse en cas d’attaque.
  • Promu chef d’état-major général suisse en 1832 (avec le rang de «colonel-quartier-maître»).
  • Dirige en cette qualité en 1843 une mission visant à calmer les affrontements qui dégénéraient entre radicaux et conservateurs. Dirige les travaux de triangulation puis élabore la première carte nationale fiable de la Suisse à l’échelle 1:100 000 (la «carte Dufour», qui portera plus tard son nom) jusqu’à son achèvement en 1864.
  • En 1847, Dufour est désigné par la Diète fédérale comme commandant en chef des troupes fédérales avec le rang de général contre le Sonderbund. Il identifie les troupes fédérales avec un brassard à croix blanche dans un champ rouge (à l’époque, les troupes portaient encore des uniformes cantonaux, qui se ressemblaient toutefois), l’emblème qui constituera le drapeau officiel de la Confédération à partir de 1848.
  • 1856 Commandant en chef fédéral lors de la levée des troupes pour la défense de Neuchâtel contre la menace d’une intervention prussienne.
  • 1863 Cofondateur du Comité international de la Croix-Rouge, pour lequel il s’est engagé jusqu’à la fin de sa vie. C’est à lui que l’on doit la proposition de faire du drapeau de la Croix-Rouge une sorte d’inversion du drapeau suisse (croix rouge dans un champ blanc).
        Outre ses tâches militaires, Dufour a également été actif sur le plan politique, en tant que député de Genève à la Diète fédérale, membre de la Constituante genevoise, délégué au parlement de la ville puis du canton, et enfin conseiller aux Etats du canton de Genève.
  • Dufour est mort le 14 juillet 1875 à Genève à l’âge de 87 ans.

ev. Le livre (aux jeunes lecteurs) de Fritz  Wartenweiler intitulé «Unser General Dufour» (Dufour, notre général) est exemplaire pour cet auteur. Il a toujours cherché, dans une époque plus que belliciste, à promouvoir les idéaux de l'éducation humaniste. En mettant en lumière des biographies «modèles», il a montré à la jeunesse suisse de l'Entre-deux-guerres des voies que des personnages excellents suisses ont emprunté réellement, en essayant de mettre ensemble leur principes éthiques et ce que le bien commun leur a exigé. Tel devrait être aujourd'hui aussi l'objectif de toute éducation dans la démocratie.

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