Citoyen en route vers un monde multipolaire

Citoyen en route vers un monde multipolaire

par Karl Müller

Le regard sur les évènements politiques des deux dernières semaines peut nous donner le vertige. Pourtant, il n’y a pas lieu de paniquer.

Les présidents russe et turc se rencontrent à Moscou avec les honneurs et se prononcent en faveur de meilleures relations. La construction du gazoduc pour le gaz russe traversant la mer Noire et le territoire turc est prévue, la coopération dans le combat contre Daesh et la volonté de trouver une issue à la guerre en Syrie est décidée. – Il y a à peine quelques semaines, ces deux hommes politiques semblaient être des ennemis jurés, le discours était acéré et nombreux étaient les signes annonçant une escalade du conflit.
Les commentateurs occidentaux se mirent une fois de plus tous d’accord: voilà deux conjurés s’unissant contre l’Occident. On est toujours prêt à tout déformer.
Presque parallèlement au rapprochement russo-turc, il fut rapporté: «La Suisse cherche à se rapprocher de la Russie» («Tages-Anzeiger» du 9/8/16) Des hommes politiques suisses revendiquent un rapprochement avec la Russie. En octobre, la présidente du Conseil de la Fédération de Russie donnera suite à une invitation de la Suisse. La femme politique rencontrera la présidente du Conseil des Etats. On veut relancer les négociations en faveur d’un accord de libre-échange. Selon Hans-Peter Portmann, conseiller national PLR, la Suisse devrait s’efforcer de diminuer sa dépendance économique de l’UE. «En fait partie le développement du commerce avec des marchés tels que celui de la Russie.»
Puis, en fin de semaine, nous parvient la nouvelle de l’intensification du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Le gouvernement russe parle d’un grave incident et d’une participation d’organismes étatiques ukrainiens lors d’une attaque terroriste avortée en Crimée. Deux ressortissants russes ont été tués lors d’une action anti-terroriste. Le président russe a signalé que cela n’était pas la base pour des négociations avec le président ukrainien – on avait prévu des pourparlers dans le cadre du G 20 en septembre. La Russie a renforcé ses troupes en Crimée et a l’intention d’installer des systèmes défensifs modernes. Le gouvernement de l’Ukraine a mis en état d’alerte ses troupes et envoyé des unités supplémentaires en direction de la Crimée.
Les médias occidentaux écartent les reproches russes et continuent leur campagne antirusse. En outre, ils ignorent ou écartent les forces à l’intérieur de l’Ukraine s’engageant en faveur de la paix dans leur pays. Qui est au courant du fait qu’il y a eu, pendant tout le mois de juillet, une marche pour la paix de milliers de chrétiens se déplaçant de l’Ouest et de l’Est du pays vers la capitale Kiev, encourageant ainsi la réconciliation du pays? Et ceux ayant trouvé des articles n’on guère lu autres choses que de la polémique.
La route menant du monde unipolaire au monde multipolaire est sinueuse. Un regard dans nos livres d’histoire montre que le changement est souvent lié à des évènements imprévus et dont l’issue reste en suspens, souvent pour longtemps. On corrige les lignes politiques, les coalitions changent, les perspectives se modifient. Plus d’un Etat et plus d’un peuple peuvent finir dans le ruisseau.
Dans de telles périodes, il ne faut pas s’attendre à obtenir de l’aide de la part des grands médias. Trop fortement liés aux pouvoirs politiques et économiques, ils ne sont plus du côté des citoyennes et des citoyens mais participent aux opérations politiques. Comme à la guerre, les décisions politiques sont centralisées, de nombreuses valeurs sont «sacrifiées» sans pour autant jouer à jeu découvert. Le bien commun est laissé pour compte.
En réalité, l’Occident a le couteau sous la gorge. On n’a qu’à prendre connaissance des dettes souveraines et de la Bourse aux valeurs surcotées. Ce sont des avertissements fatidiques. Les transformations sont inévitables. Ne subsiste que la question de savoir où mène le voyage. De façon prévisible, ce qui est planifié ne sera pas au profit de l’homme.
Quiconque reste paralysé dans les tribunes n’a pas l’opportunité de contribuer à un meilleur avenir. Il vaut mieux réfléchir hors des chemins battus.
Par exemple: quels choix offrirait un réel entendement entre la Russie et la Turquie? Le désir de puissance des autres Etats-membres de l’OTAN pourrait-il être endigué? Les conflits dans la région du Caucase pourraient-ils être déminés? Les habitants de la Syrie et d’autres régions du Proche-Orient pourraient-ils reprendre de l’espoir?
Ou bien: que signifierait un nouveau rapprochement entre la Suisse et la Russie? Qui connaît aujourd’hui déjà les résultats des négociations futures entre la Suisse et l’UE? Quel sera le comportement de l’UE si elle n’arrive pas à s’imposer? La Suisse pourrait jouer un rôle de précurseur pour les autres États européens. La paix avec la Russie pourrait profiter à presque tous: au niveau politique, économique, culturel … et avant tout humain.
Et que faire de ceux qui s’opposent à la voie de la paix et de la coopération?
Peut-être ne faudrait-il pas se laisser impressionner par eux et dire et redire ce que l’on pense. Car le nombre de personnes ayant une réflexion dans ce sens, devient de plus en plus important.    •

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