A Berlin, on se fiche des électeurs

par le Professeur Eberhard Hamer, Mittelstandsinstitut Niedersachsen e. V.

Suite à sa bévue, en affirmant en public qu’elle «ne se souciait pas des intérêts de ses électeurs», la ministre allemande des Affaires étrangères, Mme Annalena Baerbock (Les Verts) a provoqué un débat de fond. Cui bono? Pour qui la politique allemande existe-t-elle? A qui doivent profiter finalement les retombées économiques et les finances publiques? Quels sont les intérêts qui s’imposent en fin de compte?

Un véritable gouffre, une profonde fracture sociale s’est rouverte en Allemagne. Elle met au centre les disparités existantes, dans les domaines politique et économique, entre la théorie et la pratique, entre l’idéal et la réalité, ce qui remet en question les fondements même de notre existence économique et politique.
    La «communauté de valeurs» occidentale prétend lutter contre la dictature et pour la démocratie, pour l’autonomie du citoyen individuel, pour ses prérogatives face à l’Etat et ainsi pour une politique pertinente, garantie par les élections et dans l’intérêt des citoyens souverains.
    Dans la vie pratique, les choses diffèrent. Là, ce sont plutôt les ordres internationaux de la puissance mondiale anglo-américaine et du grand capital anglo-américain qui dominent; il s’agit en fin de compte de leurs intérêts à eux, la démocratie ne revêtant que le formel est souvent prise de pur prétexte.
    Pour l’illustrer, quelques exemples suffisent:

  • Les Verts veulent «l’écologie plutôt que l’économie», réduisant délibérément notre économie à cause des particules fines et du CO2, bien qu’ils ne trouvent rien à redire au fait que les multinationales américaines causent en Amazonie, en détruisant la forêt amazonienne, des dommages environnementaux quatre fois plus importants que ceux que l’Allemagne serait en mesure d’éviter au maximum (2 % des polluants mondiaux de CO2 en Allemagne et 8,5 % de dommages de CO2 dans la forêt vierge). Est-ce encore de la politique environnementale dans l’intérêt des électeurs allemands?
  • Les ministres verts de l’agriculture se précipitent sur la production agricole des agriculteurs avec toujours plus de réglementations, mais ne s’offusquent pas du fait que les groupes internationaux (Monsanto et autres) transforment le monde systématiquement et totalement avec des semences génétiquement contaminées. Une agriculture pour les paysans ou pour les multinationales?
  • Avant même que Poutine n’attaque l’Ukraine, les Etats-Unis ont ordonné une guerre mondiale de sanctions contre la Russie, et tous les vieux partis ont approuvé avec enthousiasme le fait que notre gouvernement – dénué de toutes alternatives – annule non seulement un quart de nos importations de matières premières, mais également le gaz bon marché de provenance russe. Les sanctions ont fait grimper les prix du pétrole et du gaz1 et ont ainsi mis fin à la base de la prospérité de l’énergie bon marché en Allemagne, sans pour autant nuire à la Russie, puisque celle-ci a eu des revenus plus élevés qu’auparavant avec des livraisons de gaz réduites de moitié et des prix doublés. Le principal perdant reste l’Allemagne.
  • La crise du gaz et le renchérissement dont elle est responsable ont mis les fournisseurs de gaz des groupes internationaux en difficulté financière. Au lieu de laisser cette situation se résoudre par l’insolvabilité, le gouvernement allemand des Verts (plutôt des Vertes) veut sauver les importateurs de gaz à hauteur de 34 milliards, comme Merkel l’avait fait en 2008 pour les banques en faillite, aux frais de l’Allemagne. Pour les cadeaux aux entreprises, une taxe sur le gaz doit être prélevée sur tous les citoyens (plus de 3 000 euros par ménage). Comme cela a suscité des protestations générales, un «allègement» de cette charge de 300 euros (sur une redevance de plus de 3000 euros) auprès des personnes socialement défavorisées et des retraités doit maintenant apaiser la colère de la population. Aucun gouvernement n’a jusqu’à présent causé autant de tort à ses propres électeurs que l’actuel. MmeBaerbock en a fourni l’explication: elle ne s’en soucie pas, ni de ce que ses électeurs pensent ni de ce qu’ils veulent.

Quels intérêts cette «représentante du peuple» défend-elle en effet?
    
Gaetano Mosca soulignait en 19392 déjà que toutes les élites politiques, indépendamment de la forme d’Etat, évoluaient vers une oligarchie de fonctionnaires. Selon lui, les cercles de fonctionnaires se soutiennent entre eux de sorte que même les cliques de fonctionnaires démocratiques développeraient de plus en plus leur propre vie aux dépens de la population, formant ainsi une féodalité de fonctionnaires. Contrairement aux dictatures, les démocraties n’auraient que l’avantage de pouvoir changer l’élite dirigeante de manière pacifique (par le biais d’élections). Toujours était-il que la majorité suivante formerait toutefois la même oligarchie de fonctionnaires. De même, il y a une camaraderie entre les partis établis pour combattre ensemble les nouveaux partis afin de ne pas devoir partager leur pouvoir et leurs prébendes.
    Dans ce sens, Mosca conteste également le fait que les élites politiques aient en vue «le bien du peuple» et ses intérêts. Il ne s’agirait pour elles que d’obtenir des majorités pour leur propre réélection et de poursuivre leurs intérêts particuliers ou de servir ceux de personnes plus puissantes dont elles dépendent.
    Se rendant compte des cas susmentionnés de préjudice causé à nos propres citoyens pour des intérêts étrangers, les couches moyennes de notre société soupçonnent depuis longtemps que nos dirigeants politiques n’agissent pas dans l’intérêt de leur propre population, mais dans celui de puissances et d’intérêts étrangers,
    Mme Baerbock, dans sa confession peu réfléchie et incontrôlée, a toutefois confirmé cette suspicion. Ce gouvernement n’agit pas dans l’intérêt de ses électeurs, ni même, en dépit de son serment prononcé solennellement «pour le bien du peuple allemand», mais dans l’intérêt du système de la puissance néo-coloniale, de la haute finance internationale (Merz, Lindner) ou d’une idéologie écologiste déconnectée de la réalité.
    Si nous assistons, ces jours, à l’effondrement de notre prospérité à cause d’une politique économique destructrice à ce point, nous nous appauvrirons tous – ceux qui fournissent toujours leurs prestations aussi bien que ceux bénéficiaires des transferts de ces prestations. L’élite politique, quant à elle, s’est assurée l’immunité pour ses actions et s’en tirera ensuite avec leurs pensions maximales (comme le montre la corruption de la radio publique), seule couche donc qui restera complètement à l’abri des dégâts causés par sa propre politique de destruction.
    Nous voilà donc face aux réalités derrière les affiches liées à la «justice sociale» rouge-verte!



C’était l’intention des Américains pour pouvoir vendre leur pétrole et leur gaz de fracturation dans le monde entier.
Ainsi dans mon livre Die herrschende Klasse.

(Traduction Horizons et débats)

 


Lettre ouverte aux membres du gouvernement fédéral autrichien*

+ 48370 signatures jusqu’à présent (oct. 2022)

Monsieur le Chancelier fédéral, Monsieur le Vice-Chancelier, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs membres du gouvernement fédéral autrichien!

Les événements de ces dernières semaines nous ont amenés, nous autres signataires de cette lettre (plus de 48 370 signatures actuellement), à agir de façon consciente et déterminée. En effet, il est grand temps que vous-mêmes , femmes et hommes représentant la République autrichienne et ses habitants, soyez informés de notre position et de nos convictions. Nous vous incitons à agir conformément aux souhaits du peuple autrichien, votre souverain.
    La guerre est toujours dénuée de sens. La mort de jeunes gens en vue de satisfaire les ambitions et les jeux de pouvoir d’acteurs politiques est terrible, insupportable et inacceptable! En tant que citoyens ordinaires, il nous est impossible d’en connaître et de remettre en question tous les aspects, le contexte et les faits ayant engendré la situation actuelle. Nous constatons uniquement les terribles conséquences de la guerre entre la Russie et son voisin, l’Ukraine. Mais en tant que citoyens responsables aussi, nous voyons que cette guerre est sans aucun doute instrumentalisée également à des fins politico-stratégiques.
    L’alliance de défense occidentale de l’OTAN, sous l’égide du gouvernement américain et avec le soutien actif des Etats européens, a entamé un conflit économique en imposant des sanctions qui dépassent largement les limites de la guerre en Ukraine. Les responsables politiques ainsi que les médias ont diffusé l’idée que le monde entier se trouvait de concert dans son opposition à la Russie. On nous a assuré que l’imposition de sanctions affaiblirait l’économie russe au point que le gouvernement russe se verrait dans la nécessité d’arrêter la guerre. On nous a fait croire, à nous citoyens, que l’imposition de sanctions n’avait pas d’alternative.
    Après ces quelques mois d’application de ces sanctions, il en ressort à notre avis que de toute évidence, rien dans cette entreprise ne correspond à la réalité. La majorité des Etats en dehors de l’Europe ne soutiennent pas les sanctions octroyées par les gouvernements occidentaux. Tout au contraire, une nouvelle configuration de pouvoir est en train d’émerger en Eurasie, en Afrique et dans certaines parties de l’Amérique du Sud, en visible discorde avec les pays industrialisés occidentaux. L’économie russe semble loin de subir les dommages conçus et affichés par ses initiateurs. Aucun signe d’arrêt de la mort quotidienne et insensée de jeunes gens dans l’est de l’Ukraine par ces sanctions ne se manifeste.
    Tout au contraire, nous autres citoyens constatons chaque jour que manifestement, c’est nous les véritables victimes des sanctions économiques prises. En effet, notre économie nationale et, par conséquent, l’ensemble du tissu social de notre société sont gravement endommagés. En raison des conséquences des sanctions, nous sommes désormais confrontés à la crise économique la plus grave depuis les 80 années écoulées. Comme si cette évolution néfaste ne suffisait pas, se déroule devant les yeux d’un grand nombre de citoyens très inquiets, le triste spectacle d’une véritable fièvre d’escalade militaire de la part des gouvernements des Etats de l’OTAN. Nous assistons, ces derniers temps, à un renforcement des troupes en état d’alerte par les armées intégrées dans l’OTAN, s’élevant à plus de 300 000 soldats. Les gouvernements occidentaux envoient des armes de plus en plus lourdes dans la zone de guerre, au point que des conflits avec la Russie commencent à augmenter les tensions dans d’autres zones d’Europe. Dans une telle situation, l’intensité de l’escalade guerrière, aussi bien dans le domaine factuel que rhétorique, nous préoccupe beaucoup.
    En tant que petit pays neutre, nous autres Autrichiens ne sommes pas, ni en mesure ni en position d’influencer les actions des Etats membres de l’OTAN. Mais rien ni personne nous empêche d’agir par nous-mêmes et dans l’intérêt de notre patrie. Après les horreurs de la dernière guerre mondiale, la génération de nos pères, mères et grands-parents s’est engagée pour de très bonnes raisons à respecter la neutralité perpétuelle autrichienne. La neutralité est solidement inscrite dans l’ADN de notre nation, et ceci pour de bonnes et essentielles raisons. C’est pourquoi la majorité écrasante de la population autrichienne soutient le maintien de notre neutralité. Et c’est pourquoi nous, signataires de cette lettre, estimons qu’il est urgent de prendre la parole en public et d’exhorter le gouvernement fédéral autrichien à respecter fortement les revendications suivantes :

  • Revenons immédiatement, en tant que République d’Autriche, à la stricte neutralité vis-à-vis de toutes les parties du conflit en Ukraine.
  • Dans le cadre et en conséquence de cette neutralité, renforçons l’aide humanitaire contrôlée en faveur de la population civile dans les régions touchées par la guerre.
  • Conformément à une tradition de plusieurs décennies, mettons à disposition le site de Vienne comme lieu d’une conférence internationale sur la paix et invitons toutes les parties du conflit et leurs dirigeants politiques à Vienne.

Pour mettre à l’épreuve notre crédibilité en tant que médiateurs honnêtes – et pour éviter de nouveaux dommages infligés à notre économie nationale – nous devons immédiatement cesser de soutenir les sanctions imposées unilatéralement par l’alliance de défense occidentale, l’OTAN! L’Autriche n’a pas sa place dans l’OTAN, la population autrichienne ne veut pas être membre de cette alliance militaire et, par conséquent, l’Autriche n’a aucune raison de soutenir les sanctions de l’OTAN contre la Russie!
    Nous demandons en outre au gouvernement fédéral autrichien de ne plus soutenir les sanctions au sein de l’Union européenne, de s’y opposer, de ne plus y participer et de prendre une initiative ayant pour objectif la paix, le cessez-le-feu et la coexistence de tous les peuples et tous les Etats du monde!

Les signataires de cette lettre retiennent explicitement les données suivantes.

Cette lettre n’est pas née d’une initiative ou d’un mouvement politique partisan. Par cet appel, nous ne soutenons et n’accusons aucun parti politique ni homme ou femme politique. Nous sommes ouverts au soutien de tous les camps de l’échiquier politique, de tous les secteurs de la société civile et du paysage médiatique. Cette lettre a été rédigée dans le seul souci du maintien de la vie et du bien-être des personnes vivant dans ce pays qui nous tient à cœur, à savoir l’Autriche. Nous défendons la paix, nous défendons la liberté. Mais non pas au prix de la destruction de notre propre existence.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président fédéral, Madame, Monsieur les Ministres, l’expression de notre haute considération.

Les signataires

Avec ma signature, je soutiens délibérément les revendications faisant objet de cette lettre ouverte

Gerald Markel, entrepreneur
Wolfgang Sendlhofer, entrepreneur
Max Pucher, président Union Souveränität
Prof. DDr. Martin Haditsch, médecin spécialisé en mircobiologie

Andreas Gass, président de l’association autrichienne des PME
Bernhard Costa, vice-président PME
Dr. Wolfgang Schmidauer, avocat
DI Dr. Jürgen Meinhart, entrepreneur
Beatrice Hubner, co-fondatrice «Löwenmamas»

Médias soussignants:

TKP, Peter F. Mayer
Report24, Florian Machl
RTV, Nicolas Schott
Sovereign Media

Source:
https://souveraenitaet.org/neutralitaet/ 

 

 

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