La chute de l’Allemagne entraînera celle de l’UE

par Prof. Dr. Eberhard Hamer, Mittelstandsinstitut Niedersachsen e. V.

Avec sa devise «America first», Donald Trump voulait mettre un terme à l’endettement croissant des Etats-Unis dû à des déficits d’exportation toujours plus importants, notamment vis-à-vis de la Chine et de l’Allemagne. Dans ce but, tous les moyens déloyaux d’une guerre économique lui étaient bons: sanctions, interdictions, discriminations, procédures pénales, pillages, contrôles. L’industrie automobile allemande, leader en termes de qualité et de succès, était au centre de ce combat.
    Les sanctions contre la Russie ont également visé l’économie allemande. Avec l’aide de l’UE et du gouvernement allemand lui-même, l’approvisionnement de l’économie allemande en énergie russe bon marché a été coupé, allant jusqu’à porter ses conduites à l’explosion, tout cela dans le but de contraindre l’Allemagne à acheter le gaz américain impropre, issu de la fracturation et trois fois plus cher. Depuis lors, les coûts énergétiques de l’industrie allemande sont huit fois plus élevés que ceux des Etats-Unis. Sur le champ de la concurrence internationale, cela risque de programmer une chute internationale de notre industrie.
    Le dynamitage du gazoduc Nord Stream 2, conformément à la volonté de Joe Biden, a rendu l’approvisionnement en gaz russe bon marché impossible, non pas temporairement, mais à long terme. De plus, les sanctions contre la Russie imposées par les Etats-Unis et l’UE ont privé l’Allemagne non seulement de l’approvisionnement en gaz russe, mais aussi d’un quart de toutes les importations de matières premières, provoquant une hausse des prix permanente.
    En fait, le «bureau politique UE» aurait dû protéger l’Allemagne des sanctions américaines, ne serait-ce que dans son propre intérêt, afin que l’Allemagne reste un payeur solide. Mais en adoptant les sanctions américaines contre la Russie, l’UE a nui davantage à l’Allemagne qu’à la Russie. La Russie a pu compenser le boycott en énergie par des hausses de prix et dispose aujourd’hui de plus de revenus grâce à l’énergie qu’auparavant. L’Allemagne, en revanche, a perdu à jamais sa base en énergie bon marché. Les surcoûts en matière d’énergie font chuter son économie ou la font émigrer, ils ne sont en tout cas plus tenables face à la concurrence internationale. L’UE a donc contribué à détruire la base économique de l’Allemagne, perdant non seulement le principal financier de toutes ses prestations, mais également, avec la chute de l’Allemagne, sa solvabilité internationale.
    De plus, selon ses statuts, l’Union européenne n’a pas de droit de taxation, mais dépend des cotisations des Etats membres souverains. Elle ne peut donc faire des dépenses que si celles-ci sont approuvées par les Etats membres.
    Statutairement, l’UE ne devrait donc ni s’endetter ni pratiquer un financement étatique. Ces deux interdictions ont pourtant été bafouées avec l’aide d’Angela Merkel. Son financement selon le modèle d’un Etat souverain a été appelé «aide à la stabilisation» dans un fonds MES, afin d’éviter les faillites d’Etat qui auraient simultanément conduit à la faillite de la zone euro.
    Quant à l’interdiction de s’endetter, elle a été transgressée en autorisant des dettes d’un montant inimaginable (750 milliards d’euros!) pour un «New Green Deal» on ne peut plus vague.
    Merkel a autorisé le tout de manière inadmissible étendant les compétences de l’UE, causant un préjudice irréparable à son propre pays, car l’Allemagne doit assumer une charge de plus de 26 % pour les paiements en faveur des Etats fortement endettés ainsi que les dettes cumulées. Toutes les mesures adoptées dans le but de dorloter l’euro n’ont pu être justifiées et mises en œuvre uniquement par la force économique de l’Allemagne.
    En outre, l’UE a non seulement effectué des paiements permanents à l’Ukraine en faillite sans base légale, mais elle a également souscrit à sa reconstruction à la charge des pays membres atteignant plus de 700 milliards d’euros, sans aucune garantie de couverture de ces promesses et dettes.
    Les trois groupes responsables – les Etats-Unis, l’UE et le gouvernement allemand lui-même – ont fait en sorte que la chute de l’Allemagne, et donc de l’UE, ne soit pas temporaire et à court terme, mais durable.
    Si l’Allemagne – et donc l’UE – s’effondre économiquement, les pays du sud de l’Europe ne pourront plus se financer sur le marché, ils seront donc surendettés, mais aussi insolvables. La faillite des premiers pays membres fera plus que déchirer l’UE, elle fera chuter l’euro et le fera probablement même disparaître. L’effondrement du système monétaire européen imposera non seulement une réforme monétaire, mais aussi une réforme de l’UE hypertrophiée. La destruction actuelle de la prospérité allemande fera chuter l’Allemagne à court terme, mais remettra également en question les fondements de l’UE.
    Le «grand tournant» provoqué délibérément par la coalition «feu rouge» ne changera donc pas seulement l’Allemagne, mais aussi l’Europe. L’année 2023 sera à cet égard une année fatidique.

(Traduction Horizons et débats)

 

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