Le G-7 se radicalise

La Jornada, éditorial du lundi 22 mai 2023

Le G-7 se radicalise

Le dernier sommet du G-7 – regroupant les sept pays les plus riches du monde sous régie occidentale (Etats-Unis, Canada, Japon, France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis et Italie) qui s’est déroulé à Hiroshima (Japon), a été l’occasion d’une véritable prolifération de manifestations d’hostilité à l’égard de la Chine et, bien sûr, de la Russie. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, les dirigeants du G7 se sont engagés à accroître la pression sur Moscou pour forcer le gouvernement de Vladimir Poutine à procéder à un retrait «complet et inconditionnel» du territoire ukrainien. Ils se sont également prononcés en faveur d’un soutien militaire et diplomatique accru à Volodymyr Zelensky, lequel s’était rendu à Hiroshima à bord d’un avion officiel français. Compte tenu du caractère illusoire d’une éventuelle reddition complète de la Russie, il est évident qu’en aidant Kiev, on prolongera la guerre, les destructions et les souffrances des Ukrainiens et des Russes. On augmentera de ce fait les risques d’une confrontation directe entre la Russie et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), dont sont membres six des sept Etats représentés à la réunion.
    Cette attitude agressive du G-7 visait également la Chine, en l’accusant de recourir à la «force ou à la coercition» dans une supposée quête d’expansion territoriale. Cela correspond en fait à la revendication de Pékin sur l’île de Taïwan, partie intégrante du territoire chinois. La grande puissance asiatique s’est également vue accuser de promouvoir la militarisation de la région Asie-Pacifique, accusation qui s’appliquerait avec davantage de pertinence aux Etats-Unis dont les gouvernements ont maintenu dans la région, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un dispositif militaire disproportionné et menaçant. Ils leur reviennent d’avoir récemment intensifié les manœuvres militaires dans cette région hautement précaire, avec leurs alliés représentés par la Corée du Sud, le Japon et Taïwan elle-même.
    Les propos de dirigeants plus modérés et plus équilibrés, invités à la réunion, tels le Brésilien Luis Inácio Lula da Silva et l’Indien Narendra Modi n’ont rencontré aucun écho. Ils ont proposé de recourir à la diplomatie pour résoudre la confrontation russo-ukrainienne plutôt que de prôner une improbable défaite de la Russie par le biais d’une livraison massive d’armes de haute technologie au gouvernement de Zelensky.
    Le sommet a atteint un niveau particulièrement honteux, voire grotesque, avec l’exhortation adressée au régime afghan de «remplir ses engagements en matière de lutte contre le terrorisme», une expression qui semblait tirée des discours prononcés, il y a deux décennies, par l’ancien président américain George W. Bush. C’était sur ses ordres que des forces armées sous le commandement états-unien ont envahi et ravagé cette nation d’Asie centrale, précisément sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. Il ne faut pas oublier que l’Afghanistan est aujourd’hui en proie à une grave crise économique consécutive à cette invasion et qu’il est en outre soumis à une oppression fondamentaliste brutale, encouragée par Washington dans les années 1970 et 1980, puis renversée en 2001, et qui s’est reconstituée après la fin de l’occupation manquée du pays par les troupes occidentales. Dans les circonstances actuelles, alors qu’ils vivent sous une dictature théocratique et dans des conditions matérielles déplorables, le terrorisme est la dernière préoccupation des Afghans.
    La seule position défendable des puissances économiques occidentales réside peut-être dans leur volonté de mettre en place une «immigration sécurisée, organisée et légale» au niveau mondial et de s’attaquer aux «réseaux criminels organisés qui facilitent l’immigration clandestine et les dangereux périples des sans-papiers et des demandeurs d’asile». Il s’agit toutefois d’une approche superficielle, voire frivole, des flux migratoires mondiaux, qui sont certes exploités par les trafiquants d’êtres humains, mais dont les causes sont les inégalités brutales entre les pays riches et les pays pauvres, ainsi que les conséquences du pillage et des spoliations néocoloniales perpétrées par les premiers sur les seconds, pratiques dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni comptent parmi les représentants les plus éminents dans le monde. •

(Traduction Horizon et débats)

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